Samedi 31 Mai, 12h44
Depuis quelques jours, j’essaie d’écrire ici, mais je n’y arrive pas. Je me dis que le temps me manque, mais en réalité, je crois que ce sont les mots qui me manquent. Je n’arrive pas à savoir ce que je vais vous dire, ni comment, ni pourquoi.
Vous parler d’histoires de consultations ? de mon livre ? de Basium ?
Peur d’en dire trop, ou pas assez ; peur de ressembler à un panneau publicitaire… Alors, mercredi soir, je me suis dit que tant pis, je n’écrirai pas ce mois-ci. Je préférais ne rien vous présenter plutôt que quelque chose de tiède.
Et puis, ce matin, en ayant laissé la newsletter de côté dans ma tête depuis mercredi, en observant mon fils lâcher nonchalamment sa tétine au profit de sa gourde, sans se soucier ni comment la tétine allait tomber, ni qui se chargerait de la ramasser, ni si ladite tétine serait un jour retrouvée (spoiler : oui évidemment) la réponse est venue d’elle-même : ce mois-ci, j’avais envie d’écrire, mais pas comme ça (ou peut-être plus comme ça). Mon fils avait écouté son désir de boire, libre de toute convention sociale (bon ok il a 21 mois, mais quand même), inspirée par ce petit boy de 87 cms, j’allais en faire de même.
Ce mois-ci, j’ai envie de vous écrire de façon plus intime, moins structurée. L’idée de devoir “remplir des parties” me foutait l’angoisse (je vous invite à lire mes précédentes newsletters pour comprendre), alors probablement que je me plante, mais je crois que ce mois-ci, mon esprit avait envie de respirer, sans cadre, sans limites, et moi, j’avais juste envie de m’écouter.
(À la fin de la newsletter, vous retrouverez un sondage pour voter pour savoir si ce nouveau format - que je n’avais pas prévu - vous plaît ou si vous préfèreriez l’ancienne. Je ne suis pas non plus une dictatrice du clavier au point de vous imposer cela).
Et je crois que c’est ça, au fond, le vrai désir : s’écouter vraiment.
Au quotidien, parfois, nous prenons des décisions en pensant qu’elles nous appartiennent, alors qu’elles sont, en réalité, influencée par l’envie de faire plaisir (c’est un des grands objets, d’ailleurs, de mon essai, “La Malbaise” ).
À force de conventions sociales, de pressions subies ou intériorisées, on fait peu à peu taire cette petite voie au point de la balayer d’un revers de main quand elle se présente à nous.
Tout le monde est concerné.
Je vous assure, faites ce double-exercice d’introspection :
1. Comment je réagis face à mes envies ?
- Observez vos envies quand elles sont là (envie de sortir, d’écrire, de manquer quelque chose)
- Portez maintenant votre attention sur votre façon de réagir : souvent, cela va se jouer en un quart de seconde où notre raison va venir occulter tout ça.
2. Quelle est la motivation derrière chaque envie ?
- Pour quoi je le fais ?
- Pour qui je le fais ?
- Qu’est-ce que cela va m’apporter ?
De mon côté, je me suis rendue compte, par exemple, que par le passé, j’avais tendance à dire oui à des évènements-qui-sont-stylés-et-où-il-faut-y-être sur Paris, non pas parce que je le voulais et que j’y prenais du plaisir, mais parce que c’était bien vu d’être dans cet évènement. Ou alors, je disais oui à des projets, car il fallait que je le fasse par mes engagements militants, mais le résultat des courses, je n’y mettais plus d’énergie au point où j’ai déçu certaines personnes parce qu’à la base, je n’avais pas réussi à dire non.
Bref, j’ai fait pire en voulant faire de mon mieux.
Il en est de même ici, j’avais envie de m’adresser à vous comme je m’adresse à mes patient·es en consultation : de façon directe, spontanée et personnelle. Le format dernièrement ne me plaisait plus, mais à force de me dire “Margaux, tu ne vas pas tout changer, que vont dire tes lecteurs et lectrices ?”, et bien j’avais l’impression de bâcler ce que je vous écrivais.
Alors, je vous l’accorde, tout n’est pas que plaisir, et la frustration, on ne le sait que trop bien, fait partie de la vie (mon fils la découvre actuellement #terribletwo), mais autant éviter, dès lors, de se rajouter des contraintes inutiles, vous ne trouvez pas ?
Et puis, le fait de m’être lâchée la grappe depuis Mercredi en me disant “ce n’est pas grave”, personne ne t’en voudra, je me suis sentie moins pressurisée par l’écriture de ma newsletter, et comme par enchantement, l’envie de vous écrire est réapparue comme par magie.
L’instant partage
Comme je le dis en consultation…
Pour que le désir puisse exister, il faut qu’il ait la place pour le faire
En clair, moins de pression et être plus à l’écoute de ses envies (peu importe ses envies d’ailleurs), est une des pistes pour retrouver du désir, et j'affirmerais même, sa libido.
De mon côté, la publication du livre, il y a un mois, est venue apaiser pas mal de choses, je dois vous l’avouer. C’est comme si ce livre m’avait légitimé tant sur le plan professionnel que le plan personnel, et que je m’autorisais désormais à refuser pour faire plaisir.
Avons-nous besoin d’un livre pour ça ? Clairement pas.
Était-ce une façon de me prouver quelque chose ? Assurément
Devons-nous accomplir quelque chose pour oser s’écouter ? Bien sûr que non, mais quand je vois mes congénères trentenaires accros au run & au marathon, je me demande s’il n’y a pas quelque chose qui a trait à cela quand même…
Écouter ses désirs, là est l’enjeu d’une vie.
Et ce serait bien de ne pas attendre de s’assumer totalement pour le faire.
Et vous, que vous inspire cette pensée fleuve ?
Vous le savez peut-être, mais je suis aussi co-hôte d’un podcast, et je vous livre ici les derniers épisodes de :
Épisode 30 : “Ma vie sexuelle de sexologue” avec cette question, les cordonniers sont-ils les plus mal chaussés ?
- sur Deezer / Apple / SpotifyÉpisode 31 : “Contraception masculine, pourquoi tout le monde s’en fout ?” - Et si on en parlait sérieusement ? Nous avons reçu Nat qui nous raconte son parcours pour se contracepter.
- sur Deezer / Apple / Spotify
C’est tout pour moi.
Cette newsletter change de ce que j’ai l’habitude de faire, moins structurée dans la forme et plus intime dans le fond et je vous laisse la parole pour me dire si ce format vous convient.
De mon côté, je suis encore sur un nuage depuis la sortie du livre, car la promo est belle, les retours sont dithyrambiques et je n’aurai pu espérer mieux.
Sur ce, je vous embrasse, vous souhaite un très joli mois de Juin
Margaux
PS : N’oubliez pas le sondage juste en dessous.
PPS : Enfin, si tu traverses un épisode difficile et que tu te sens submergée par ces idées, un seul numéro : le 31 14. Cette ligne est ouverte 24 h/24 et 7 jours/7.
Fais comme c'est le plus simple et plaisant pour toi chaque mois ! Nous on kiffe :)